David Lévesque, d’Adrénaline hors piste à Mont-Louis, a acheté sa première motoneige hors piste en 2004. «C’était très, très marginal à l’époque. Tout le monde était très étonné de voir la taille de nos crampons.»
Au fil des ans, M. Lévesque a rencontré des motoneigistes qui voulaient être guidés.
En 2010, ce pompier forestier s’est créé un gagne-pain d’hiver avec son entreprise de guidage. De 100 motoneigistes à son premier hiver, sa clientèle est passée à
200 l’an dernier.
«La majorité sont des Québécois, je dirais à 75 % ou 80 %. Cette année, j’ai eu un groupe d’Américains, un du Nouveau-Brunswick, et j’en reçois parfois de l’Ontario», décrit M. Lévesque. La majorité est âgée de 20 à 40 ans, ce qui laisse présager un long avenir pour ce loisir.
Alain Thibault, propriétaire d’Extrême Chic-Chocs à Sainte-Anne-des-Monts, a vu sa clientèle quadrupler en cinq ans. Les motoneigistes viennent passer entre un et trois jours en Gaspésie, observe ce retraité de l’armée. «En moyenne, ils dépensent 1000 $ par voyage par personne. C’est de l’essence, de la nourriture, l’hébergement.»
«En 2010, on était seuls dans le bois, on ne croisait pas souvent d’autres motoneiges. Aujourd’hui, ça a augmenté, c’en est incroyable et c’est presque trop, dit M. Thibault.
Des gens vont dans des territoires où ils n’ont pas le droit d’aller, certains brisent des plantations. Si on ne fait pas ça comme il faut, on va tout perdre.»
Des dégâts
Le maire de Mont-Louis, Serge Chrétien, a observé des dégâts causés par les motoneigistes hors piste. «Sur mon terrain, j’ai planté des petits fruits. Une motoneige a passé dessus. Ça a détruit quelques arbustes […]. L’année dernière, j’ai vu une plantation de conifères où les plants étaient écrasés. La motoneige hors piste, ça fait une trace assez profonde.»
«Le touriste, il ne faut pas le rejeter, mais s’ils veulent faire du ski-doo ici, qu’ils respectent les règles de voisinage et les terrains, dit M. Chrétien. Il faut que le gouvernement fasse quelque chose. Ça prend une bonne structure. Ce serait peut-être mieux qu’ils soient guidés.»
L’un des problèmes: les motoneiges hors piste sont capables d’aller presque partout. Mais en pleine nature, rien n’indique qu’on franchit les limites d’un terrain privé, d’une réserve faunique ou du parc de la Gaspésie.
Sur la Réserve faunique des Chic-Chocs, il a fallu installer des panneaux d’interdiction destinés à la motoneige hors piste, indique le directeur Bermans Drouin. Des vandales en ont déjà enlevé certains, posés l’été dernier.
L’interdit existe pour protéger les plantations, mais aussi les ravages d’orignaux, précise M. Drouin. Les bêtes ont besoin de leur énergie pour survivre à l’hiver, pas pour fuir au passage de motoneigistes.
Motoneige hors piste › Une motoneige classique est faite pour suivre des sentiers damés. La motoneige hors piste est plutôt conçue pour affronter la poudreuse. La chenille est plus longue à l’arrière pour augmenter la portance sur la neige folle. Les crampons des chenilles sont aussi plus longs – trois pouces plutôt qu’un seul – pour assurer une bonne prise.